ÉTAT DES LIEUX – Deborah Levy

Dans ce troisième volet de la trilogie, nous retrouvons l’auteure britannique à l’âge de soixante ans. Elle vit toujours dans son appartement sur les collines de Londres avec sa fille cadette de dix-huit ans sur le point de quitter le nid pour l’université. Un nouveau tournant crucial pressenti, mais auquel Deborah Levy n’a pas envie de penser.

Nous la sentons plus sereine, mieux installée. Si les traumatisme du divorce sont intacts et les deuils toujours en cours, l’auteure apprivoise sa liberté et s’habitue à l’apprécier. Elle doit maintenant comprendre sa place en tant que femme d’âge mûr.

État des lieux dresse l’inventaire de la vie personnelle de l’auteure et celui des habitations qu’elle occupe à Londres, Paris, Mumbai, Johannesburg ou New York, dans le présent et par le passé. 

De quoi une femme est-elle propriétaire à l’aube de ses soixante ans? La valeur que nous attribuons à la propriété foncière ou matérielle est-elle si importante? Posséder une maison ne signifie pas encore être propriétaire d’un foyer.

 

Elle imagine la maison de ses rêves, celle où elle pourrait écrire, vivre à son rythme, recevoir ses filles. Peut-être ne la possédera-t-elle jamais, mais cette vie imaginaire fonctionne tel un moteur.

«Il me fallait reposer ma pelle imaginaire pour le moment et me mettre au travail.»

Plus encore que dans ses précédents textes autobiographiques, Deborah Levy appuie sur le pouvoir de l’imagination. Alors qu’elle tombe sur un objet ou souhaite en acquérir de nouveaux, elle partage ses pensées, revient sur son parcours de femme et de mère, réfléchit à son avenir, nous fait part de ses interrogations féministes.

«Qu’est-ce que ça veut dire, maternel? Si cela implique de réconforter, protéger, éduquer, nourrir, encourager, mentir, d’être l’ancre dans la tempête de la vie, d’être toujours , tous les personnages ne sont pas armés pour gérer un tel arsenal de qualités. Parmi les femmes de ma connaissance, beaucoup de celles qui n’avaient pas d’enfants étaient bien plus en mesure de répondre à ces exigences impossibles.»

Ce récit intime donne espoir et courage. On en ressort inspiré, l’esprit arrosé d’une bonne dose d’engrais. 

UN COUP DE COEUR ! ❤️

Éditions du sous-sol, octobre 2021, titre original «Real Estate», traduit de l’anglais par Céline Leroy, 240 pages

Ce que je ne veux pas savoir  et Le coût de la vie ont reçu le prix Femina étranger 2020.

4 Comments

  • Marie-Claude

    Bon… il arrive par ici bientôt.
    Dis-moi, pour faire les choses dans le bon ordre, je devrais commencer par Ce que je ne veux pas savoir?
    J’ai comme l’impression que je vais passer à côté de quelque chose si je ne m’y mets pas!

    • meellaa

      Je me souviens qu’Electra m’avait soufflé qu’elle espérait te convaincre de lire Deborah Levy 😉
      Oui, je suis même convaincue que tu passerais à côté de quelque chose! Le mieux est de commencer par le premier, mais les deux suivants m’ont sont encore plus passionnants… bonne lecture 😜

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