LE PALAIS DE GLACE – Tarjei Vesaas

En plein coeur de l’hiver glacial d’un petit village norvégien, deux fillettes font connaissance à l’école. Unn est nouvelle, elle vit chez sa tante car sa mère est décédée dernièrement. Siss la meneuse du groupe, est attirée par Unn et l’approche après un temps d’observation. Alors que Siss est invitée chez Unn par une froide soirée, les deux enfants passent un étrange instant devant un miroir et scellent une promesse.

Troublée par ce qu’elle ressent Siss s’enfuit à travers une nature hivernale pour rejoindre ses parents. Le lendemain, Unn n’est pas à l’école, elle a disparu.

Tout le village la recherche en vain. Seul le lecteur sait où elle se trouve. Dans le Palais de glace au pied de la cascade.

Ce texte métaphorique laisse le soin au lecteur d’en interpréter la signification. Plongé dans une ambiance cotonneuse, une sensation d’oppression et de tristesse gagne peu à peu l’esprit, imprégné par la glace et le froid, pour finalement lâcher prise et se laisser aller à la douceur de cette lecture et peut-être en comprendre le sens.

«Le palais change lentement de couleur. La glace brillante et verte blanchit dans la chaleur du soleil. Les salles et les coupoles transparentes s’embrument comme si elles étaient remplies de vapeur. Elles camouflent tout ce qu’elles ont. Elles tirent la couverture sur elles et elles camouflent. L’édifice dans son entier tire sur la couleur blanche et commence à se dissoudre en surface. À l’intérieur, tout est toujours aussi dur. La glace ne crépite plus dans les champs: elle brille, plus blanche que jamais; elle luit en silence.»

Tarjei Vesaas aborde la mort, la séparation et le deuil d’une écriture poétique, limpide, vraiment très belle. Avec sensibilité, il tire un joli parallèle entre le cycle des émotions et celui des saisons. Mais l’auteur nous offre aussi un roman d’une étonnante modernité sur les sentiments de l’enfance.

Le Palais de glace se lit tel un conte à l’atmosphère envoûtante. 

«Ça avait été le temps de la neige, le temps de la mort et des chambres fermées – et puis trois fois trop vite, pff, on se retrouve de l’autre côté de ce temps, avec de la buée dans les yeux tellement on est contente, tout ça sous prétexte qu’un garçon vous a dit : « Toi et tes fossettes, alors.»

Éditions Babel (poche), 224 pages, paru en 2014 aux Éditions Cambourakis, titre original «Is-slottet» publié en 1963, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud

4 Comments

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *