LES ORAGES – Sylvain Prudhomme
La nouvelle, un genre littéraire qui ne pardonne rien. Un art en soi que de réussir à tout dire en peu de mots. Quelle réjouissance de découvrir la plume de Sylvain Prudhomme excellant à cet exercice risqué!
Les treize nouvelles de ce recueil attrapent les instants fugaces mais décisifs de la vie de personnages aussi communs que ces moments qui jalonnent une existence.
«Dans l’escalier il pense au silence là-haut, à l’intérieur de l’appartement. Au calme revenu entre les murs.
Aux particules de poussière qui doivent remuer dans la lumière, agitées par son passage. »
L’APPARTEMENT
Des images simples du quotidien saisies avec finesse. Sans les mots de Sylvain Prudhomme, elles ne raconteraient rien. D’ailleurs, j’avais en tête de vous résumer le contenu de chaque nouvelle, mais cela ne servirait pas du tout cette chronique. L’écriture de Sylvain Prudhomme fait toute la différence et prouve une fois encore le talent de cet auteur capteur de l’invisible.
«(…) puisque nul n’est jamais capable d’anticiper le pire, même dans les circonstances où il est le plus certain, cela je l’ai maintes fois constaté, le pire est tout simplement impossible à concevoir pour un être normalement constitué comme vous et moi, je veux dire un être non suicidaire, un être un tant soit peu attaché à la vie, comme le sont tout de même la plupart des êtres.»
SOUVENIR DE LA LUMIÈRE
«N’est-ce pas cela la mort: on avait l’habitude de parler et maintenant on se tait, tout est fini, et plus personne ne dit rien, on est mort et même de cette mort à la fin il n’y a plus rien à en dire.»
LES CENDRES
Et si les nouvelles ne sont pas votre tasse de thé mais que l’écriture de Sylvain Prudhomme vous tente, c’est son sublime roman «Par les routes» qui m’a menée à la lecture de ce recueil.
«Des épis de maïs grillent au-dessus d’un vieux bidon.
Des odeurs de brochettes montent.
Des bouteilles de bière tintent.
Elle est Awa.
Elle est la belle Awa.
Elle n’aura pas de salon.
Jamais.
Elle y était presque.»
AWA BEAUTÉ
Éditions Gallimard, Collection l’arbalète, janvier 2021, 192 pages