FEU – Maria Pourchet

Figurant sur pas moins de cinq premières sélections de prix littéraires, encensé par la critique, FEU a fini par attiser ma curiosité. Moi aussi, je voulais lire ce roman au style incroyable dont tout le monde parlait! Devoir visiter plusieurs librairies pour mettre la main dessus, «nous devrions le recevoir Madame, il est en réimpression», a renforcé mon impatience de découvrir LE livre de cette rentrée.

Laure, enseignante universitaire, la quarantaine, mariée et mère de deux filles, rencontre Clément, la cinquantaine, célibataire, financier dans une grande banque. Laure a besoin de se sentir vivante, elle recherche les émotions fortes. Clément n’attend plus grand chose de la vie, se contente de travailler, beaucoup, au milieu des requins, et préfère parler à son chien nommé Papa. Une liaison, adultère pour Laure, s’installe rapidement entre eux.

«Tu ne réponds rien car tu as déjà répondu. Tu le trahis. Ces mots, ces valeurs, ce ton, tu les trahis. De tête, tu conjugues sans détour ce verbe pour la première fois. Je te trahis.»

De rendez-vous en rendez-vous, ces deux personnages sont confrontés à l’impossibilité de se rencontrer vraiment. Alors que Laure, prête à tout, ne désire plus que Clément, celui-ci en manque d’amour propre, pense que Laure est bien trop belle, bien trop tout pour lui, et ne se donne aucun moyen pour croire à cette relation. Il pense déjà au moment où il se fera jeter.

«Les sentiments ça ne suffit pas, Papa. Le problème c’est les autres. L’autre est toujours plus grand, plus capillaire, plus arrivé le premier.»

Les chapitres alternent les voix des deux protagonistes. Le style inédit, vif, rythmé de Maria Pourchet rend le récit plutôt entrainant. Mais, après un temps, ce même style a paradoxalement alourdi ma lecture.

Les sentiments amoureux, la difficulté d’accorder ses violons dans le couple adultère ou dans le couple tout court, se trouver soi-même, sont entre autres les thèmes abordés avec subtilité et brio par la romancière Maria Pourchet. Plusieurs scènes entre Laure et son époux sont criantes de justesse, tout comme le personnage fabuleux de Véra, la fille aînée de Laure, adolescente en révolte.  

MAIS, et c’est là que le bas blesse, pas une minute la relation amoureuse entre Laure et Clément ne m’a paru crédible. Avec un titre tel que FEU, j’imaginais l’incandescence, des scènes torrides, du brûlant. Hors, Laure et Clément VIVENT-ils réellement cette passion? 

Laure m’est restée antipathique et froide. Quant à Clément, se dénigrant sans cesse, il apparaît de plus en plus agaçant au lieu d’être touchant. L’entendre appeler son chien Papa n’aide pas vraiment. Les acteurs m’ont donné l’impression de jouer dans le mauvais film, d’où un sentiment de frustration ambigu, puisque mon exemplaire est piqué de marque-page.

«Un peu plus tard, Anton est revenu dans la cuisine, s’arrêter devant toi, laissant entre ton corps et le sien plus ou moins quatre mètres. Il t’a regardée passer une éponge inutile sur les plaques de cuisson. Il a placé en silence quelques trucs dans le lave-vaisselle, avec moins de précaution qu’à l’ordinaire, il n’a pas au préalable rincé les assiettes. Et puis il a demandé, en programmant un cycle Éco de deux heures trente, si tu avais rencontré quelqu’un.»

Bon. Jusqu’à la dernière ligne, j’ai tourné les pages avec l’espoir de découvrir le sésame qui ferait de ce livre un bijou. 

Malheureusement, la suite s’est méchamment gâtée, et la fin a terminé par m’achever complètement.

Ne parle-t-on pas de déception lorsqu’on s’attend à  quelque chose de meilleur? Cela ne signifie pas que FEU ne m’a pas plu, mais le curseur était juste placé un peu trop haut. Inutile d’en faire un plat.

Et vous, qu’en avez-vous pensé?

Éditions Fayard, août 2021, 360 pages

 

6 Comments

  • Marie-Claude

    Je prends mes jambes à mon cou et je cours vite vite. L’histoire et les mots qui l’enrobent me laissent de marbre.

    J’avais lu Champion, de Pourchet, qui m’avait très agréablement enchantée. Elle paralit des affres de l’adolescence avec justesse et acuité. Maintenant, amour et adultère… tu sais qu’il faut que ça frappe plus fort pour que ça m’interpelle!

    Moi, mon roman de la rentrée, jusqu’à maintenant, c’est Blizzard de Marie Vingtras (prochain billet).

    • meellaa

      Je riais d’avance en pensant à toi qui attendait des nouvelles de ce Pourchet, je savais qu’il ne te ferait fuir… je ne sais pas si la lirai une nouvelle fois, mais je retiens ton avis sur Champion.

      Blizzard, je l’ai eu plusieurs fois entre les mains et reposé, vivement ton billet!

    • meellaa

      Oui, il faut se faire son propre avis, ce livre divise! Mais un emprunt aurait aussi suffit pour ma part…

  • krol

    Les avis sont très différents, c’est intéressant. S’il me tombe dans les mains, je le lirai, pour me faire ma propre idée, mais sinon, je n’irai pas le chercher…

    • meellaa

      Je te comprends, il faut se faire son propre avis. Je n’avais lu que des retours dithyrambiques, mais je lis aussi beaucoup de déceptions maintenant, je me sens moins seule 😉

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