LA SERVANTE ÉCARLATE – Margaret Atwood

Les dystopies? Très peu pour moi…

Et bien, La servante écarlate devenu un classique du genre m’a fait changer d’avis. Mais surtout, grâce à ce roman, j’ai découvert la formidable plume romanesque de l’auteure canadienne Margaret Atwood. 

Il faut quelques pages pour comprendre ce qui est arrivé à l’humanité et plus particulièrement à la femme. La narratrice se trouve à Gilead, une république totalitaire située en Amérique du Nord. Menant une vie monacale dépourvue de tout plaisir, selon une hiérarchie très organisée, les femmes fertiles en sont réduites à un utérus à deux pattes. Pour combler leur incapacité à se reproduire, les Épouses quant à elles sont prêtes à tout, même à laisser leurs époux Commandants à s’accoupler avec d’autres femmes. De cérémonies en événements terribles, les jalons se placent sur un territoire parsemé de références bibliques.

Rebaptisée Defred, la narratrice a perdu toute identité. Lui restent ses souvenirs de la vie d’avant. Elle a été fille, amie, amante et même mère d’une petite fille. L’évocation de différents moments de sa vie met en exergue les droits et les possibilité qui s’offrent aux femmes en occident, lire, étudier, faire des choix, mais aussi les problèmes et sentiments auxquels les femmes sont confrontées quotidiennement. Qu’est-ce que la perte de certains de ces droits impliquent comme changements dans la relation de couple ou simplement dans l’estime de soi?

Nous suivons donc parallèlement deux histoires, celle de Defred dans le passé, mais on ne peut plus actuel, et celle dans le présent à Gilead. 

La curiosité de connaître comment ces deux trajectoires se sont rejointes, nous pousse à tourner les presque six-cents pages de ce roman sans s’en rendre compte. 

Nous sommes plongés dans un univers très glauque. Mais le plus effroyable est de se trouver face à des fonctionnements qui pourraient réellement se produire, ou qui ne sont pas sans rappeler la facilité avec laquelle la liberté peut basculer. Le style simple et froid rend l’atmosphère du texte encore plus oppressante.

La servante écarlate nous laisse avec une foule de réflexions et une fin ouverte. 

Il est d’autant plus impressionnant de penser que Margaret Atwood, née en 1939, a publié ce texte il y a bientôt quarante ans. 

Mais pourquoi diable n’ai-je pas lu cette auteure avant? 

La bonne nouvelle? L’oeuvre prolifique de Margaret Atwood regorge d’ouvrages de tous genres différents. Mes compagnons du book club #cemoiscionlit ont tous été conquis, tant par sa poésie que sa fiction. Si féminisme, nature, trahison, vengeance, aliénation, maternité, humour noir et mort sont les thèmes récurrents, La servante écarlate ne fait qu’office d’échantillon parmi tous les titres proposés. Plusieurs d’entre eux ont été adaptés en séries, La servante écarlate a connu un succès mondial en 2017.

Éditions Robert Laffont, 1987, Pavillons poche 576 pages, paru en 1985 sous le titre original «The Handmaid’s Tale», traduit de l’anglais (Canada) par Sylviane Rué.

6 Comments

  • Electra

    ah super ! moi pareil, quoique j’ai lu plusieurs romans post-apocalyptique ou proches de la fin et j’ai aimé. La servante écarlate a été mon seul audio livre. J’avais droit à un essai et j’ai choisi de l’écouter en anglais, avec la voix de Claire Danes – j’ai aussi adoré ! en plus, on avait le son des cassettes qu’on rembobine .. oui excellent ! un livre incontournable 🙂

    • meellaa

      J’avais le vague souvenir d’avoir lu un article sur ce roman sur ton blog, du coup je l’ai cherché le week-end passé et relu! Convaincue toi aussi !! As-tu regardé la série ensuite?

  • Marie-Claude

    Comme quoi il ne faut jamais dire: Fontaine, je ne boirais jamais de ton eau (ou quelque chose de semblable).

    Il peut y avoir de grosses perles dans les dystopies. Je n’aime pas tant le genre en soi, mais plusieurs romans dystopiques m’ont fait passer un excellent moment de lecture. Et je dirais que plus elles sont près d’une réalité possible, plus elles sont prenantes.

    Étonnamment, je n’ai jamais lu (encore) Margaret!

    • meellaa

      Ce n’est pas un genre que je lirais régulièrement mais cette lecture m’a prouvé que je pouvais l’apprécier.

      Quelles dystopies as-tu lues et aimées?

      PS je suis presque certaine qu’Atwood te plairait 😉

    • Marie-Claude

      La première dystopie qui m’avait renversée est L’Homme vertical de Davide Longo. Une claque. Il y a aussi eu Vongozero de Yana Vagner. J’en ai parlé sur le blogue, mais il est toujours inaccessible pour le moment. C’est pire que l’accouchement de ma fille, ce truc!
      Du coup, j’ajoute La servante écarlate à ma liste de tentations à assouvir! Surtout si le roman alterne entre passé et présent. J’aime bien découvrir comment était l’avant pour mieux comprendre comment est le maintenant!

    • meellaa

      😂 pire qu’un accouchement, ça existe? Courage bientôt tu tiendras ton dernier né dans les bras… 😅

      Je note l’Homme vertical dont je n’ai jamais entendu parler, mais sur ton conseil j’y vais les yeux fermés, merci!

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